Dans La Vrille du chat les acrobates défient les lois de l’espace-temps. Comme dans un dessin animé, où les personnages en situation délicate font marche arrière contre tous les principes de notre monde physique, la virtuosité de l’équipe de Backpocket aboutit à manipuler et distordre le temps. Ralentis, accélérations, stop-motions : une scène de quelques minutes, reprise et variée à l’endroit comme à l’envers, est abordée sous une multitude d’angles, objectifs et imaginaires—flashbacks, souvenirs, projections que les 7 protagonistes associent à la scène initiale.

Une des inspirations formelles de La Vrille du chat est “3 secondes”, la bande dessinée de l’auteur belge Marc-Antoine Matthieu : l’action de tout le livre se déroule en 3 secondes, mais les focus sur ce temps si bref ramifient dans tous les sens. Sur scène, les artistes interprèteront tantôt les personnages de la scène- noyau, et tantôt des émanations de la conscience d’un personnage, des incarnations issues d’un souvenir, les personnifications d’une émotion ou d’un désir.
Sans hésiter à jouer avec le burlesque, l’équipe de Backpocket ira chercher l’impossible, l’extraordinaire (peut-on soulever quelqu’un par la mâchoire ? par les cheveux ?) pour déconstruire et reconstruire la scène initiale, comme un thème musical entre dans d’infinies variations. Au total, une dramaturgie faisant appel aux seules ressources du corps circassien, renonçant même aux agrès : une écriture véritablement circassienne, appuyée sur les codes populaires du slapstick. Une composition savante et désopilante portée par la seule virtuosité physique.